Chronique sur Là où je me suis retrouvée de Jasmine Warga

La ou je me suis retrouvee

Note : 8,5/10

« — Harlow ? criai-je.

Elle était à la cuisine en train de fouetter la crème au beurre dont elle allait glacer ses gâteaux à la pistache.

— Oui ? répondit-elle par-dessus le bruit du mixer et de la musique à plein tube des Dresden Dolls.

Amanda Palmer chantait un truc qui parlait de jeeps et de trahison. Harlow était dans sa phase amour inconditionnel pour Amanda Palmer, et ne rêvait que d’être elle.

— Je crois qu’il y a quelqu’un à la porte.

Le mixer s’éteignit.

— Oui, dit-elle. Il m’avait bien semblé entendre frapper. Tu attends quelqu’un ?

Je me tassai sur mon canapé et mis Netflix en pause tout en essayant désespérément de me rappeler le nom d’un film intello français que je puisse lancer. Si Harlow et moi devions nous faire sauvagement assassiner par un serial killer, autant qu’on se rappelle mon goût indéniable pour le cinéma étranger, et non mon penchant pour les émissions de téléréalité culinaire.

— Non, répondis-je en baissant la voix de peur que lesdits meurtriers ne nous entendent. Et toi ?

[…]

— Non. J’ai dit à Quinn de venir plus tard si elle voulait des gâteaux et de la pizza, mais elle ne finit pas son travail avant dix-huit heures.

Elle sortit son téléphone de la poche de son short en jean qu’elle portait sur un collant à pois.

— Quelle heure est-il, au fait ?

Je vérifiai sur le décodeur.

— Midi et demi.

— D’accord. Donc ce n’est pas elle. Mais ça ne veut pas dire pour autant que ce soit Charles Manson.

[…]

— Tal, répondit Harlow d’un ton apaisant. Si tu allais ouvrir pour voir qui c’est ? Je suis là.

Serrant les lèvres, je regardai l’image figée de Gordon Ramsay sur l’écran de la télévision. Tant pis pour le film français nouvelle vague dont je ne me rappelais pas le titre.

La sonnette retentit.

— Tal ! me pressa Harlow. Va ouvrir.

— Mais on ne sait pas qui c’est.

Dans un soupir, elle passa son téléphone d’une main à l’autre et j’avais la désagréable impression qu’elle hésitait à envoyer un SMS à Quinn pour lui dire que j’étais complètement débile. Génial.

[…]

— Très bien, insista Harlow. Alors on respire un coup et on se conduit comme des gens normaux.

Elle se dirigea vers la fenêtre, tira le fin rideau lavande, jeta un regard dehors, et laissa échapper un petit cri.

— Qu’est-ce qu’il y a ? murmurai-je en me crispant.

— Taliah Sahar Abdallat, ça va t’intéresser.

Ma gorge se serra.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Taliah ! lança-t-elle d’une voix impérieuse. Viens ici !

Je m’arrachai à mon canapé, m’approchai d’elle et regardai par la fenêtre. L’aveuglante lumière de ce plein été m’obligeait à cligner des paupières, si bien que je ne fus pas tout de suite certaine de bien voir ce qu’ils voyaient.

C’était lui.

Trois ans trop tard.

Ou plutôt seize ans trop tard, pour être honnête.

Mais c’était bien lui. »

Taliah et Harlow

Résumé : « Pour Taliah, la musique est toute sa vie. Ses chansons préférées l’ont aidée à affronter les pires épreuves, et notamment celle de n’avoir jamais connu son père. Sa mère, née en Jordanie, a toujours été très secrète, et refuse de lui donner la moindre information sur ses origines. Jusqu’au jour où Taliah tombe sur une mystérieuse boîte à chaussures contenant les lettres d’un certain Julian Oliver… Sérieusement ? La star de rock indé en personne ?

Taliah part à la recherche des pièces manquantes du puzzle de sa vie et décide d’écrire à Julian Oliver. Silence radio. Mais, trois ans plus tard, le rocker se pointe à sa porte. Taliah hésite entre lui sauter au coup ou se jeter dans ses bras. Mais avant qu’elle ne puisse choisir, il lui propose de partir en roadtrip à la rencontre de sa famille, et surtout de son grand-père mourant. Alors qu’elle affronte les secrets de son passé, Taliah découvre une part d’elle-même qu’elle n’aurait pu imaginer… »

Mon Avis

Avant toute chose, je voudrais remercier Hugo New Romance Québec, mon partenaire littéraire, pour cet harmonieux service presse.

Je vous l’accorde, c’est une lecture légèrement cocasse, à certains niveaux, mais on y retrouve des valeurs importantes que chaque individu met en évidence, telles que l’amour, le pardon, la quête de soi, l’amitié, le deuil et surtout… le sentiment d’appartenir à une famille. De plus, malgré le fait que l’histoire se retrouve dans la littérature jeunesse, elle peut paraître intense à bouquiner.

Dans ce récit, j’ai retrouvé des personnages attachants qui m’ont fait sourire et rire, à de nombreuses reprises et d’autres qui me mettaient en colère. Ainsi, pour entrer dans la thématique, plus facilement, je me suis laissé emporter par l’écriture de l’auteure tout en écoutant de la musique… et je trouve que ça quand même porter ces fruits de faire cela.

« Là où je me suis retrouvée » raconte les aventures de Taliah Abdallat, une jeune adolescente de seize ans. Vivant seule avec sa mère, qui est née en Jordanie, elle se caractérise par ses origines musulmanes. Sans aucun doute, Taliah ne manquait de rien, elle était heureuse. Possédant la musique dans le sang, elle adorait jouer du piano et composer des chansons avec sa meilleure amie Harlow. Cependant, plus elles grandissaient et plus le temps laissait creuser un grand fossé. C’est à partir de ce moment que l’adolescente a commencée à faire vivre, seule, sa propre musique. Toutefois, alors qu’elle avait treize ans, Taliah fait une énorme découverte, une nouvelle qui changera sa vie à tout jamais. Elle est la fille de Julian Oliver, le célèbre chanteur d’un groupe indépendant. Trois ans plus tard, son géniteur, qu’elle n’a jamais connu frappe à sa porte et lui demande de venir rencontrer toute sa famille et de voir, pour la première fois, son grand-père paternel qui est mourant. Sceptique à cette idée, Taliah finit par accepter, non sans avoir quelques regrets pour sa mère… Mais, au final, la curiosité l’emporte. Accompagnée d’Harlow, la jeune fille découvrira une autre facette de sa nouvelle famille. À travers ce  » roadtrip  » et grâce à Julian, Taliah  distinguera la vérité sur ses parents, une sincérité dont elle ne connaissait pas l’existence. Ne manquer de rien ? C’est ce que l’adolescente pensait…, jusqu’à ce qu’elle les rencontre et vivent avec eux. En les côtoyant, Taliah s’est rendu compte d’une chose… sa place est auprès d’eux. Julian et elle parviendront-ils à recoller les pots cassés ? Au passage, Taliah aura-t-elle la chance de trouver l’amour ? Décidera-t-elle de rester auprès de sa véritable famille ? Pardonnera-t-elle à sa mère de lui avoir menti durant toutes ces années ?

Wow… Comme je l’ai mentionné plus haut, le sentiment d’appartenance est le point culminant de cette histoire. Au début du roman, on aperçoit une jeune fille très timide qui a peur de se lancer dans une péripétie. Très sévère, au sujet de sa musique, elle n’aime pas en jouer devant une personne. Néanmoins, Taliah accepte de partir à la recherche de son authentique identité. Au fil des pages, on va découvrir une fille qui a souffert de l’absence de son père…, mais au fur et à mesure, l’adolescente assumera sa personnalité ainsi que sa mélodie. Sans compter qu’elle va aussi trouver sa place, ce qui va la pousser à prendre de lourdes décisions tout en tenant tête à sa mère. Toutes ces épreuves ont changées sa vie et l’ont, également, transformée. Définitivement, Taliah a gagnée en maturité durant cette expédition.

Concernant la plume littéraire de Jasmine Warga, elle est fluide et constante. Afin de comprendre la situation entre Lena et Julian, les parents de la jeune fille, l’écrivaine nous ramène en arrière en nous plongeant dans des  » flashbacks « . À travers eux, on peut apercevoir ce qui a poussé la mère de Taliah a quittée le musicien. D’ailleurs, nous ressentons la tristesse de chacun quand ils se sont abandonnés. On perçoit aussi leur amour…, mais les marques d’honneurs familiaux ont eu raison de Lena.

Cette œuvre littéraire était intéressante à lire. Malgré cela, je suis assez perplexe, en ce qui concerne la conclusion… de nombreuses questions sont restées sans réponse. J’aurai préféré que Jasmine Warga continue sur une trentaine de pages, au moins.

Un dernier mot ?

 « Là où je me suis retrouvée » est un récit facile à lire qui nous introduit dans un monde où la perception d’interdépendance et la puissance musicale se côtoient. À mes yeux, cette histoire est le reflet du destin ainsi que de l’épanouissement humain. Il va de soit que je vous conseille cette belle lecture !

#Sara

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