Note : 9,5/10
« Mes pieds se posent sur les marches au bois craquant, mes doigts caressent distraitement les balustrades comme les cordes d’une harpe tandis que je monte à l’étage. Il me vient à cet instant des pensées rêveuses : qui donc a foulé ces marches, jadis ? J’imagine un enfant s’éveillant aux premières clartés de l’aurore, les descendant sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller ses parents; j’imagine un homme, angoissé par les troubles politiques, les montant d’un pas impatient; j’imagine une femme, y restant pensivement immobile, perdue dans ses souvenirs… »
Philippe
Résumé : « Ce qui nous effraie tant de la folie est que nous la savons en nous. Philippe Durand est invité au luxueux Manoir des Cimes, fidèle reconstruction d’un bâtiment bicentenaire, de même que sept autres convives. Leur séjour ne tarde toutefois pas à devenir un effroyable cauchemar où rampe le mal et s’amuse l’horreur. Des cadavres retrouvés disparaissent, des marques inexplicables couvrent planchers et murs, des cris résonnent au-delà des portes closes…
Complot, délire ou vulgaire jeu ? Les survivants seuls trouveront la réponse, si survivants il y a… »
Mon Avis
C’est grâce à la version gore de « Blanche-Neige », un des récits des contes interdits que j’ai découvert la calligraphie et le sombre univers de L.P. Sicard. Je me souviens d’avoir adoré cette lecture. En toute franchise, au début, je n’étais pas une adepte de livres horrifiques (les films et séries télévisées, c’est autre chose), qui sait peut-être que la raison est je n’avais pas trouvé la perle rare. Celle qui m’ouvrirais les portes de ce genre littéraire qui m’est totalement inconnu. Je l’ai reconnu en « Blanche-Neige ».
Comment dire… J’ai été comme hypnotisé par ce roman ainsi que par cette folie dans laquelle l’auteure voulait m’emporter. C’est avec impatience que j’attendais sa prochaine œuvre qui me ferait autant vibrer que sa première. Je ne vous cacherai pas que je n’ai pas hésité une seule seconde à me procurer « Au nom de l’horreur ». Maintenant que ça fait deux écrits que je lis, je peux dire que L.P. Sicard vient de gagner une admiratrice.
UNE SANGLANTE MISE EN SCÈNE DE L’ÉPOQUE…
Au fur de ma lecture, j’avais la vague sensation d’être dans un de ces vieux films des années 90. Des projections d’épouvante qui n’ont rien à voir avec celles d’aujourd’hui. En effet, celles d’avant étaient meilleures. Habilement retranscrit, l’auteur nous plonge au cœur du XIXe siècle, à l’ère française, là où les plus belles monstruosités sont au centre de l’attention. À travers sa calligraphie, L.P. Sicard nous fait venir dans une trame, qui au fil des pages, devient de plus en plus ténébreuse et impénétrable. Alternant entre la tangibilité et l’allégorie, l’histoire ne cesse de monter en crescendo jusqu’à atteindre le ciel étoilé de la nuit, permettant ainsi le lectorat de rester sur ses gardes.
Dans « Au nom de l’horreur », on fait la connaissance de Philippe, un homme de trente-un ans. Ayant gagné un voyage en France, d’une semaine, pour donner suite à un concours en ligne, il est invité au Manoir des Cimes, un établissement qui a deux cents ans, tout comme sept autres individus. Toutefois, dès leur arrivée, de sinistres manifestations apportent son lot de considération. Cadavres après cadavres, l’épouvantable mystère du Manoir des Cimes ne peut s’empêcher de tourner court et de s’épaissir. Alors qu’ils croyaient tous qu’ils allaient vivre un séjour de luxe, les voilà entraîner dans une course contre la montre. À la recherche des réponses à leurs questions, les huit résidents du Manoir des Cimes devront également se livrer dans une partie de cache-cache tout en essayant de se protéger de cet être qui hante leurs cauchemars. Arriveront-ils à ressortir indemne de cette aventure ? Qui parmi eux verra son sort sceller par la mort ?
ACCEPTATION DU SORT…
En utilisant un décor comme cet établissement clos, L.P. Sicard démontre la réalité émotionnelle de l’être humain. En effet, d’une certaine manière, cela contribue à l’accélération du stress et aux nombreuses réactions de défense. D’autant plus que ces visions horrifiques soulèvent une introspection sur les comportements humains lorsqu’ils se retrouvent en face de l’ange de la mort. Ceux-ci sont représentés selon les différentes perceptions des protagonistes.
En ce qui concerne le style d’écriture de l’écrivain, il est fluide et à la fois addictif. Aussitôt que les chapitres défilent, il est très difficile de ne pas pousser la réflexion plus loin. Poignant tout en étant percutant, certaines scènes du texte nous prennent à la gorge tellement qu’elles sont détaillées. Glauque est le mot ! Rire. Cependant, ce n’est pas pour me déplaire. Pour ma part, lorsque je bouquinais ce genre de passage, cela me donnait encore plus envie de découvrir la suite.
WAHOUUU !!! Au niveau des péripéties, je n’ai rien à dire, mise à part, le fait que j’avais l’impression que l’auteur s’assurait de nous amener en plein déni à chaque fois que l’on se rapprochait du but, soit par le biais d’une parole ou d’un événement. De quoi donner le tournis. Ou à mener la pensée plus loin. Ayant vu beaucoup de productions cinématographiques et de feuilletons (des mauvaises comme des bonnes), je peux vous dire que ce n’est rien, que ce sont des jeux d’enfant, contrairement à « Au nom de l’horreur ».
Un dernier mot ?
Finalement, « Au nom de l’horreur » est un roman horrifique à ne pas mettre entre les mains des âmes sensibles. L.P Sicard est parvenu à me faire résonner de frissons. Du début à la fin, j’en ai eu la chair de poule… Ce qui montre l’important talent de l’auteur pour l’écriture. Je souhaite, en secret, que ce bouquin soit adapté en mini-série. Ça serait tout simplement MALADE ! Une œuvre littéraire qui a réussi à conquérir mon cœur. Aussi, par le biais du regard des personnages, je me suis senti replonger dans mes cours de psychologie et de psychiatrie à la santé mentale. Il va de soi que je vous recommande « Au nom de l’horreur », j’espère qu’il vous plaira autant qu’il m’a plu.
#Sara